Lors du conseil du 19novembre, le groupe Ecologie & Citoyenneté s’est prononcé en faveur du vœu pour l’expérimentation de l’arrêt menstruel à Est Ensemble. Retrouvez l’intervention d’Anne de Rugy au nom du groupe :
Je voudrais intervenir pour le Groupe Ecologie et Citoyenneté sur ce vœu, important pour les femmes, important pour la société.
Le temps est venu où on ne dira plus « Les Anglais ont débarqué », on ne parlera plus de ketchup ou de tomates, on n’écrira plus sur les justifications d’absence « ma fille était indisposée ». On dira « j’ai des règles douloureuses, je ne peux pas faire mon travail comme d’habitude, je n’ai pas la force de sortir ». On dira « j’ai des symptômes de ménopause qui perturbent mon quotidien et mon travail ». C’est cela sortir d’un tabou, c’est long, c’est collectif, cela fait du bien. Et cela fait avancer l’égalité entre les femmes et les hommes.
C’est une très bonne nouvelle que par ce vœu Est-Ensemble se propose d’introduire le congé menstruel pour ses salariées. Des mairies l’ont fait, ma ville Bagnolet l’a mis en place. On a aujourd’hui un peu de recul, on sait qu’un tel congé ne produit pas les effets délétères annoncés par certains, qu’il est utilisé avec mesure et qu’il n’entrave pas le bon fonctionnement de l’administration. Le certificat médical annuel qui ne doit pas nécessiter de faire figurer une pathologie mais être simplement une attestation médicale que la patiente peut bénéficier du congé menstruel en y incluant bien sûr les symptômes invalidants de la ménopause. C’est un bon compromis pour s’assurer de l’entrée dans un parcours de soin, interpeller les médecins sur les symptômes et en même temps simplifier la vie des femmes face à des symptômes par définition récurrents sans surcharger les médecins de ville dans un département dont on oublie souvent qu’il est le premier désert médical français. C’est aussi une avancée pour éviter la pénalité du jour de carence. On pourrait y ajouter les distributeurs gratuits de protection périodique dans les toilettes ce qui contribue là aussi à sortir du tabou et à favoriser l’égalité.
C’est une très bonne nouvelle pour la société. On le sait, le projet d’introduction du congé menstruel dans la loi a été bloqué en avril dernier. Mais il est mis en place aujourd’hui par des administrations, des entreprises, des universités. C’est une manière de faire avancer la société et la médecine sur la prise en charge des pathologies féminines. Concernant l’endométriose on sait qu’elle a longtemps été très mal diagnostiquée, le temps de diagnostic pouvant aller jusqu’à dix ans car les douleurs des femmes n’étaient pas prises au sérieux. Mais c’est vrai pour d’autres pathologies comme les maladies cardio-vasculaires qui sont moins bien prises en compte chez la femme soit que les symptômes, différents, soient méconnus, soit que les stéréotypes conduisent au mauvais diagnostic.
Mettre en place le congé menstruel participe donc d’un changement social plus large qui interpelle la société et la médecine. C’est pourquoi nous y sommes très favorables.