Un SRHH incompatible aux enjeux contemporains

Mardi 6 février 2024, le Conseil de Territoire s’est exprimé sur l’avis d’Est Ensemble relatif au projet de Schéma Régional de l’Habitat et de l’Hébergement (SRHH). Pour le groupe « Écologie & Citoyenneté », Julie Lefebvre propose d’aller plus loin dans nos revendications.

Cher Président,
Cher·es collègues,

Concernant Le Schéma Régional de l’Habitat et de l’Hébergement (SRHH), notre groupe pense qu’il est nécessaire d’aller beaucoup plus loin dans l’avis émis par Est Ensemble, que ce soit sur la quantité mais aussi la qualité architecturale et environnementale des logements produits.

Alors qu’Est Ensemble et le deuxième territoire le plus dense de l’Île-de-France après Paris, il est désormais temps de rappeler que les objectifs de construction de 3 065 logements par an ne sont plus tenables ni justes vu les inégalités territoriales en la matière, notamment en Ile-de-France, qui ne feront que s’aggraver entre l’est et l’ouest parisien, sans réorientation forte en vue d’une politique de logement favorisant la mixité partout où cela est possible.

En effet, les besoins en logements sont immenses pour répondre à la situation dramatique des habitant·es qui peinent à accéder à un logement, a fortiori s’agissant du logement d’urgence, ce schéma vient aussi contredire nos politiques publiques qui visent à retrouver de la nature en ville, à lutter contre l’artificialisation des sols, à préserver le foncier économique, pour créer des circuits courts, permettre l’approvisionnement local, soutenir l’emploi local, ceci afin d’éviter les mouvements pendulaires et les longues heures de transport, de nombre de nos concitoyens quand ils vont travailler.

J’attire votre attention sur le fait qu’entre 2012 et 2021, notre territoire a connu une explosion récente des surfaces de logements au détriment des surfaces d’activités et de nature en ville. L’occupation des sols a augmenté de 700 000 m2 en ce qui concerne l’habitat collectif, les espaces boisés ont perdu 90 000 m2 et les espaces d’activités économiques ont perdu 480 000 m2 sur la même période.

Or aujourd’hui, je ne compte plus les demandes d’entreprises implantées sur le territoire, des entreprises classiques, des entreprises de l’économie sociale et solidaire qui ne trouvent plus de sites pour se développer sur le territoire ou qui doivent laisser la place à des projets de construction de logements portés par les promoteurs immobilier, parfois sans aucune anticipation des besoins en équipements ou espaces publics

Je ne compte plus les appels au secours de ressourceries, d’entreprises ou d’associations engagées dans la réparation, le réemploi et la réduction des déchets qui doivent fermer leurs portes faute d’espaces disponibles alors que nous avons besoin de petites plateformes de stockage ou d’entreprises de transformation si nous souhaitons développer un modèle d’économie circulaire qui diminue notre empreinte sur les ressources et réponde aux besoins du territoire.

Je ne compte plus les lieux d’occupation temporaires, les ateliers d’artistes, les lieux où travaillent des indépendants qui doivent partir alors que le poids économique des activités culturelles en France s’établit à 45,3 milliards d’euros, soit 2,0 % de l’ensemble de l’économie française en 2021 et que leur présence sur notre territoire et leur contribution à la vie locale n’est plus à démontrer.

Je ne compte plus les projets implantés sur des sites d’occupation temporaires qui ont déployé des usages et des services utiles à tous, souvent dans des quartiers en difficulté et qui doivent plier bagage après quelques années, sans même parfois avoir rentabilisé leurs investissements en temps et en travaux.

Je ne compte plus les rez-de-chaussée de constructions neuves ou de commerces dans le diffus qui ne trouvent pas preneur compte-tenu des tarifs et conditions souvent exorbitantes demandées, à des commerçants, artisans ou entrepreneurs indépendants.

Désormais, il nous faut penser la ville dans toutes ses composantes, et le territoire s’y emploie via différents outils, référentiels ou dispositifs mais il ne peut le faire seul.

Il faut que chaque ville préserve son foncier, qu’un plaidoyer politique soit porté conjointement sur ces questions et que l’effort soit réparti, partagé et planifié à plus large échelle, si l’on veut que nos villes soient viables demain, si l’on veut des villes où il fait bon habiter, mais aussi travailler, créer, faire la fête, se promener, grandir, respirer, bref et en quelques mots des villes frugales mais heureuses !

Je vous remercie de votre attention.

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