Julie Lefebvre est intervenue devant le Conseil territorial d’Est Ensemble du 26 septembre 2023 au sujet du Plan arbre d’ Est Ensemble.
Cher Président, Chers collègues,
Comme vous le savez, un habitant d’Est Ensemble ne dispose que de 6m2 d’accès aux espaces verts ; quand la moyenne nationale des villes les plus vertes de France est de 48m2 selon l’UNEP.
Face à ce constat, le groupe Ecologie & Citoyenneté́ soutient pleinement le Plan Arbre, la mise en réseau du Grand Chemin et les financements mobilisés pour leur mise en œuvre rapide.
Ces mesures permettent de pallier en partie le déficit d’accès à la nature que le territoire connaît, elles sont essentielles. Mais nous devons aller plus loin et être à l’écoute de la société civile et des scientifiques
Sur plusieurs de nos villes comme dans de nombreuses villes en France, notre groupe déplore l’abattage des arbres sains et la destruction d’espaces verts et naturels. 36 arbres ici, 27 là, 12 ailleurs, là plusieurs centaines sur le projet d’autoroute A69, la liste s’allonge chaque jour. Tout cela se fait parfois contre les avis consultatifs des autorités environnementales ou avant que les recours n’arrivent à leurs termes.
Il y a toujours des raisons d’abattre un arbre. Pour construire des immeubles, un crematorium, un centre de rugby, une autoroute, etc.
Que font les citoyens ? Ils se concertent, manifestent leur opposition aux projets, s’engagent dans des recours. Certains prennent des risques juridiques, d’autres mettent leur santé en danger pour protéger la nature. Nous l’avons vu encore cette semaine avec la grève de la faim de Thomas Brail et de 11 personnes perchées en face du Ministère de l’Ecologie.
Leur revendication initiale : l’application de l’article L350 – 3 de la loi qui stipule que sauf problème phytosanitaire ou mécanique, je cite : “Le fait d’abattre ou de porter atteinte à un arbre ou de compromettre la conservation ou de modifier radicalement l’aspect d’un ou de plusieurs arbres d’une allée ou d’un alignement d’arbres est interdit”. Il n’est plus possible de tolérer ces situations alors que nous défendons – et que ces personnes défendent avec courage – le vivant et nos ressources.
Aujourd’hui 75% des écosystèmes sont dégradés. En dépit des progrès réalisés et des politiques en faveur de la nature, les rapports scientifiques mettent en évidence que les trajectoires actuelles ne permettent pas d’atteindre les objectifs mondiaux visant à conserver durablement la nature.
Pour, Sir Robert Watson, Président de la plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES) « La santé des écosystèmes dont nous dépendons, ainsi que toutes les autres espèces, se dégrade plus vite que jamais. Nous sommes en train d’éroder les fondements mêmes de nos économies, nos moyens de subsistance, la sécurité alimentaire, la santé et la qualité de vie dans le monde entier ».
Aussi aujourd’hui nous vous proposons donc d’aller encore plus loin. Nous devons tout faire pour préserver et restaurer les écosystèmes urbains, conformément aux règlements européens du 12 juillet 2023 adopté par le Parlement européen. Pour cela il nous faut déployer des moyens humains et accéder à des moyens financiers complémentaires et suffisants pour permettre aux équipes des villes et d’Est Ensemble d’entretenir et de restaurer notre patrimoine naturel.
Il faut au niveau national, revoir complétement les droits à construire et les modes de construction, qui ne doivent pas se faire en compensant mais en préservant les arbres tout en restaurant les écosystèmes et nos sols.
Nous devons aussi affirmer notamment auprès de l’Etat, que notre territoire pour pouvoir s’adapter au dérèglement climatique, limiter la pollution et préserver la santé des habitant.e.s, doit revoir sa politique de construction et étendre partout la devise d’Est Ensemble « planter d’abord, bâtir parfois » employée pour les abords du tramway T1.
Plus largement, il en va de l’adaptabilité de la capitale dans les années futures ! Notre territoire et la banlieue peuvent encore être la ceinture et le poumon verts du Grand Paris si nous réorientons rapidement la politique d’aménagement et stoppons les constructions intensives.
Néanmoins le temps est compté, car les grues poussent plus vite que les arbres, il suffit de regarder tout autour de nous pour s’en rendre compte !