Monsieur le président, cher·e·s collègues, je voudrais dire quelques mots au nom du groupe Ecologie et Citoyenneté et comme élue de la ville de Bagnolet, concerné au premier chef par cette étude sur l’impact sanitaire du projet de réaménagement de la Porte de Bagnolet.
Pour qualifier la Porte de Bagnolet et son échangeur, immense ouvrage autoroutier qui date du temps où il fallait adapter la ville à la voiture on peut sans doute parler de maltraitance urbaine : nuisances sonores, pollution atmosphérique, danger des traversées, cheminements rallongés pour le piéton ou le cycliste. Rien ici n’est à taille humaine et la porte loin de relier Paris, Bagnolet et plus généralement le territoire d’Est-Ensemble fait l’effet d’une barrière urbaine infranchissable. C’est donc une très bonne nouvelle pour nos villes que nous puissions aujourd’hui envisager sa transformation à l’horizon de dix/quinze ans.
Une étude nécessaire
La délibération porte sur la délégation à Paris d’une étude sur l’Evaluation des Impacts sur la Santé. En clair la ville de Paris pilotera cette étude en lien avec Est-Ensemble et la Ville de Bagnolet et en associant la population (35000 habitants dans l’aire considérée de part et d’autre du périphérique), les associations et les institutions partenaires. C’est une très bonne chose, une chose absolument nécessaire que de mener cette étude sur la santé environnementale et l’impact des différentes options de réaménagement sur la santé des habitants, un thème que nous portons depuis de longues années.
En effet, une première étude a déjà montré que tous les indicateurs sont dramatiquement au rouge. La statistique hélas, dépasse encore le ressenti.
Exposition au dioxyde d’azote ? En moyenne 80 microgrammes par m3 soit deux fois plus que le seuil de l’OMS fixé en 2005 et 8 fois plus que l’objectif revu en 2021.
Exposition au particules fines ? Idem, trois à six fois plus que l’objectif visé par l’OMS en 2021. Rappelons ici que l’électrification en cours de la flotte automobile n’aura que peu d’impact sur les particules fines.
Les niveaux élevés de pollution amputent chaque année des vies
Les effets sont connus : maux de tête, bronchite, toux, irritations de la peau mais aussi à plus long terme, un effet sur les troubles du système nerveux, les maladies cardiovasculaires et respiratoires, des effets d’infertilité. Les enfants, les femmes enceintes, les personnes âgées sont les plus exposés et les plus vulnérables. Il y a donc une urgence sanitaire à agir pour réduire ces impacts sur la santé qui chaque année amputent des vies.
Il y a donc une urgence sanitaire à réduire le trafic et à réaménager le secteur de la porte de Bagnolet et nous nous félicitons de cette étude des impacts sur la santé comme du processus engagé pour reconquérir de la pleine terre dans cette zone très minérale, réduire l’emprise des infrastructures autoroutières, faciliter les cheminements non motorisés et permettre de rapprocher nos villes en supprimant ce mur de béton, de bruit et de pollution atmosphérique, et pourquoi pas demain la transformation en boulevard urbain à 2 fois une voie sur le périphérique et l’A3 ?
Phaser les travaux pour agir vite
Aussi il nous semble que parallèlement à une stratégie à moyen-long terme prévoyant l’élaboration d’une reconfiguration complète de la porte de Bagnolet à moyenne échéance, il faut d’ores et déjà envisager un phasage :
- Réduire la vitesse pour réduire les nuisances
- Commencer à regagner de l’espace sur le béton en supprimant des bretelles autoroutières peu empruntées
- Reconquérir les délaissés urbains pour que la ville peu à peu reprenne le dessus sur le monstre autoroutier ;
- Imaginer un devenir pour nombre de bâtiments du pôle Galliéni qui sont en partie inoccupés
Nous nous félicitons de cette étude de santé publique, qui est un premier pas indispensable dans le réaménagement de l’aire de la porte de Bagnolet, son humanisation et sa transformation pour que cette zone souvent citée comme une des plus laides de la métropole devienne un exemple de transformation urbaine vertueuse face à l’urgence écologique, climatique et sanitaire.
Je vous remercie pour votre attention