La lecture de l’avis citoyen, aboutissement de notre convention citoyenne locale pour le climat et la biodiversité, donne des motifs de contentement ce qui n’est pas si fréquent pour qui est préoccupé par les questions écologiques, les questions de climat et de biodiversité notamment, et peut se sentir découragé devant l’ampleur de la tâche ou la lenteur voire l’absence de changement, au niveau planétaire et global sans doute encore davantage qu’au niveau local.
Contentement, modeste certes, à voir la question écologique prise au sérieux, à voir une volonté de changement collectif s’exprimer et à voir la richesse des propositions formulées. Contentement, modeste également, à voir que les propositions énoncées, portant ici sur l’agriculture et l’alimentation, rejoignent les préoccupations que nous avons, nous élu·e·s sur le territoire, et les politiques publiques que nous menons. Elles rejoignent également les préoccupations et les actions des citoyens, des collectifs et des associations qui, sur notre territoire, amorcent déjà la transition écologique et explorent les possibles (Amap, jardins partagés, tiers-lieux etc.).
Des possibilités d’actions pour l’agriculture limitées sur notre territoire
Ce contentement ne doit pas éluder les difficultés de la transition écologique notamment pour notre territoire sur le plan alimentaire et agricole. En particulier, ce qui est possible à Mouans-Sartoux, commune des Alpes Maritimes qui a mis en place une régie agricole pour produire localement pour la restauration collective, qui fait rêver à juste titre, n’est évidemment pas possible sur nos territoires urbains denses. L’autonomie alimentaire d’Est Ensemble nécessiterait pour nourrir les 430000 habitant·e·s du territoire 5 à 10 fois la superficie de l’ensemble du département de Seine-Saint-Denis. Au regard de la rareté des terres agricoles en Ile-de France, et même dans les départements limitrophes de la Région, envisager une politique d’auto-suffisance qui passerait par l’acquisition de foncier agricole n’apparaît pas comme une solution viable. C’est le bémol que nous mettons à la possibilité d’acquérir du foncier pour gagner en autonomie alimentaire.
Cela n’empêche pas bien entendu de tisser des liens avec des terres agricoles en dehors de notre territoire comme le suggèrent plusieurs propositions citoyennes et comme peut l’être par exemple un soutien à la non artificialisation des terres (triangle de Gonesse) et aux projets de maintien agricole (Carma). Cela concerne aussi l’agriculture urbaine qui pèse bien peu, malgré toutes ses richesses, au regard des 500kg de produits alimentaires consommés par habitant·e et par an.
L’agriculture urbaine, un levier de résilience
Ces contraintes d’une zone urbaine dense n’empêchent nullement la mise en culture de notre territoire sous des formes variées, jardins partagés ou familiaux, fermes urbaines, petits élevages, jardins dans les écoles, culture de fleurs, etc. Comme le suggèrent les propositions citoyennes, cette fertilité dans la ville facilite le lien social sans distinction d’âge, de genre ou de classe, le partage d’expériences, de recettes ou de techniques de jardiniers, la pédagogie auprès des enfants, la prise de conscience écologique, l’émergence de nouveaux métiers, la transformation des habitudes alimentaires, la renaturation de la ville, le lien mémoriel avec le passé pas si lointain de nos terres maraîchères. J’en oublie certainement. En ce sens l’agriculture urbaine contribue à la résilience de notre territoire.
Nous pouvons donc nous engager pleinement à ce que ces nombreuses dynamiques prennent de l’ampleur. J’en citerai trois :
- Le développement de fermes urbaines dans les villes, et particulièrement en périmètres de projets renouvellement urbain (PRU) grâce au soutien de l’ANRU dans le cadre de l’appel à projet Quartiers fertiles. Cela concerne 5 villes (Romainville, Pantin, Bagnolet, Montreuil et Bobigny) et des activités variées : pépinière de plants, production de fleurs coupées, maraîchage, jardins partagés, vergers, … Dans chaque projet, l’objectif est avant tout de créer du lien social et de favoriser le vivre-ensemble, en s’appuyant sur la culture de la terre. A ce titre, ce sont 5 projets qui sont soutenus dans leur développement par l’EPT à Montreuil (Murs à fleurs), Bobigny (Les Cols verts et La Sauge), Montreuil/Bagnolet (On sème tous et l’AJDB), Romainville (au sein du PRU Gagarine) et Pantin (Seqens et Vergers urbains).
- Le soutien de l’écosystème foisonnant des acteurs de l’agriculture urbaine sur le territoire, via notamment l’appel à Manifestation d’intérêt TempO’, qui a permis l’installation de La Sauge à la Prairie du Canal à Bobigny par exemple, aujourd’hui devenu un acteur incontournable à Est Ensemble (présence à Bobigny, Noisy-le-Sec, et récemment à Bondy avec l’inauguration le 22 mai dernier de la Ferme Caillard Dilly) ; ou encore Pépins production sur la friche René.e à Pantin aux côtés des Alchimistes. Le soutien proposé aux acteurs de l’ESS via le fond à impacts participe également au développement de la filière agricole urbaine (Abiosol, Murs à fleurs, Fédération des murs à pêches, …).
- Le projet de charte territoriale de l’agriculture urbaine pour permettre de fixer un cadre d’objectifs communs et partagés entre les villes en faveur du développement de nouveaux projets (fermes urbaines, jardins partagés, …), tout en permettant de lever les freins couramment rencontrés (foncier, pollution, …), et de pérenniser des activités dans une logique de transition écologique. A ce titre, plusieurs temps de concertation ont déjà été organisés (en décembre à la Cité Maraichère, en juin au Lab3S) permettant de préfigurer l’écriture concrète de cette charte et sa mise en œuvre.
Les propositions citoyennes nous engagent à poursuivre cette politique, à la développer et à la partager avec l’ensemble des habitant·e·s d’Est Ensemble.