Monsieur le Président,
Cher.e.s collègues du Conseil de territoire,
Cher.e.s habitants du territoire qui suivent nos échanges,
Nous avons à nous prononcer ce soir sur le premier vrai budget du mandat. Un budget censé traduire les orientations politiques des équipes municipales élues en mars et juin dernier et surtout les orientations politiques de l’exécutif territorial, au travail depuis juillet 2020.
Hélas ce budget intervient – comme l’année dernière – dans un contexte marqué par la crise sanitaire, économique et sociale. A Est Ensemble, comme ailleurs en France, la crise touche des pans entiers de la population et de l’économie,
Ces difficultés inédites, nous obligent à faire preuve d’une grande responsabilité dans nos choix, tant la gravité de la crise sociale se conjugue à une crise écologique dont l’urgence ne fait plus débat. Très concrètement, cette responsabilité nous oblige à une forme de sobriété financière et budgétaire, qui a des incidences directes sur ce budget, sur nos priorités, nos politiques publiques territoriales et le fonctionnement de notre administration.
Nous devons limiter les investissements les plus coûteux, quand leur utilité sociale et écologique et leurs effets positifs sur la qualité de vie ne sont pas avérés.
Nous devons donc prioriser notre action sur des programmes et des équipements qui assurent, à court et long terme, un niveau de services utile aux habitant·e·s. C’est le sens, par exemple, de l’abandon du projet d’équipement aquatiques du Pont de Bondy, dont les économies permettront de rénover plusieurs autres piscines sur le territoire et de répondre à une demande sociale de “savoir nager” pour tous nos enfants et plus grands.
Nous avons dû accepter de reporter certaines politiques publiques pourtant utiles, lorsque les conditions de leur mise en œuvre ne sont pas réunies. C’est le cas de certains dispositifs culturels, sportifs, des investissements lourds pour la rénovation énergétique ou des actions en faveur de l’agriculture urbaine, que nous ne pouvons pas toutes lancer si tôt dans le mandat. Nous le regrettons et nous nous battrons dans les prochains mois pour que ce mandat tienne ses promesses en matière de transition écologique et solidaire.
Oui, nous devons miser sur des politiques de transformation qui permettront à notre territoire de poursuivre une véritable transition écologique, dans une logique de résilience.
Le groupe Ecologie & Citoyenneté pense ici à l’ambition renouvelée en matière de Plan Zéro Déchets, qui ouvre des voies nouvelles pour penser un territoire moins polluant, et moins dépendant du retraitement des ordures ménagères et des entreprises, dont le prix va exploser dès cette année du fait de l’augmentation de la Taxe générale sur les activités polluantes (TGAP).
Les écologistes pensent aussi aux nombreux dispositifs et aides visant à accompagner et à structurer le développement de filières d’emploi d’avenir. Nous ne voulons pas nous résoudre à l’ubérisation de l’emploi et à la dégradation des conditions de vie des travailleurs précarisés. Au contraire, nous voulons soutenir les initiatives pour la création et le maintien d’emplois locaux, notamment dans l’éco-construction, l’ESS, le numérique, les filières créatives, la logistique, les services de la ville durable. On pense notamment aux dispositifs comme “Quartiers productifs”, auquel notre territoire va participer, et qui vise à accompagner et structurer des créations d’emploi dans les Quartiers de la Politique de la Ville.
Et parce que la transition écologique est nécessairement solidaire, nous nous réjouissons des choix politiques de ce début de mandat – la création d’un office foncier solidaire, la création d’un office public de l’habitat commun ou l’encadrement des loyers – qui sont autant de marqueurs quant à l’ambition que nous avons pour faire d’Est Ensemble un territoire de mixité sociale, accessible à tous.
Pour atteindre ces objectifs, et pour revenir aux grandes masses du BP 2021, nous devons composer avec un budget stable par rapport à 2020. Les recettes de fonctionnement évoluent très peu (seulement une légère hausse de la TEOM) et les dépenses de fonctionnement sont maîtrisées, tout comme l’endettement. Nous subissons néanmoins une dégradation de l’épargne brute qui obère notre capacité d’investissement pour l’avenir et doivent nous inciter à la prudence dans les arbitrages prévues au printemps sur la PPI.
Dans ce contexte, notre groupe votera pour ce budget 2021 car nous partageons les priorités de l’exécutif, à savoir :
- continuer de faire de notre territoire un exemple en matière de services publics aux usagers, à destination d’une population particulièrement précarisée,
- Faire en sorte que le développement économique profite à tous, et ne laisse pas les jeunes et les plus précaires à distance de l’emploi et de la formation;
- et surtout, approfondir, agir, sur la nécessaire transition écologique et sociale du cadre de vie (transport, habitat, alimentation) afin de répondre à l’urgence climatique.
Sur ce dernier point, nous tenons néanmoins à exprimer 4 propositions pour les prochains mois et ce débat de mandat :
- Premièrement, l’importance de la réussite de la CCC que nous lancerons en septembre. Nous sommes satisfaits du calendrier finalement retenu et qui favorisons la participation après ce nouveau confinement et la tenue des élections départementales et régionales qui doivent se tenir en juin prochain. La réussite de la CCC ne doit pas seulement permettre d’alimenter la réflexion sur le nouveau Plan Climat d”Est Ensemble. Nous souhaitons que la façon dont cette convention sera conduite, en donnant toute sa place aux citoyens et aux acteurs du territoire, nous permettent d’aller au-delà de ce que l’ancien PCAET prévoyait déjà afin de donner un nouvel élan aux actions d’Est Ensemble en faveur de la transition écologique et solidaire. Cet investissement humain, financier et de temps (6 mois de travail !) doit être utilisé à bon escient pour orienter les politiques d’Est Ensemble vers plus de soutenabilité, plus d’équité et plus de résilience.
- Deuxièmement, notre souhait que la régie publique de distribution de l’eau potable se concrétise. D’ici septembre, nous nous prononcerons sur le sujet, et nous espérons que nos 9 villes feront le choix de se joindre à ce beau projet, qui est une question environnementale et sanitaire de premier ordre, par la préservation de la ressource mais aussi un enjeu de justice sociale avec une tarification juste.
- Troisièmement : Sur les enjeux d’emploi nous serons particulièrement attentifs à la l’idée de valoriser les richesses locales. Notre territoire est riche de ses entreprises, associations et organismes de formation qui doivent être les éléments moteurs d’un développement économique endogène. Nous devons réorienter les politiques publiques vers cet objectif, et pas seulement chercher à attirer des entreprises extérieures qui emploient majoritairement des cadres habitants en dehors du territoire. Plus des ⅔ des actifs habitant le territoire n’y travaillent pas, et une part significative travaille dans des secteurs durablement fragilisés par la crise (restauration, transports). Nous défendons un développement économique endogène, qui passe par des actions d’urgence pour maintenir l’emploi (aides, maintien du foncier économique). Cela passe aussi par des actions structurantes sur le long terme pour favoriser l’emploi local et durable dans des filières vertes et vertueuses sur le plan social et écologique. Par ailleurs, nous veillerons à prioriser les dispositifs d’accompagnement à l’insertion pour les personnes éloignées de l’emploi, pour gagner en efficacité, avec des formation courtes qui comblent rapidement les lacunes de la formation initiale
- Et enfin, je finis par un mot sur les recettes. Puisque la péréquation reste stable et les recettes de fonctionnement diminuent avec la crise et la fermeture des équipements, nous devons aller chercher un maximum de recettes et de subventions à l’externe, dans le cadre du Plan de relance, des financements régionaux et européens. Nous nous y emploierons. Nous remercions par avance l’ensemble des élus et les services qui travaillent pour monter les dossiers de demande, indispensables au financement de l’ensemble des projets prévus et à venir.
La sobriété est un cadre contraint mais peut aussi être source de créativité et d’innovation si nous trouvons les bonnes méthodes de travail en commun entre les différents acteurs du territoire.
Je vous remercie de votre attention.