Une charte du paysage à Est Ensemble qui intègre un règlement publicitaire commun à nos neuf villes ?
Cette délibération sur le Règlement local de publicité de la Ville du Pré-Saint-Gervais est l’occasion de rappeler l’indispensable travail à faire, non pas ville par ville, mais pour l’ensemble du territoire sur les unités paysagères. Beaucoup d’autres territoires en France, à ce propos, ont développé des chartes paysagères et architecturales.
Ici je tiens à rappeler que le paysage fait partie de notre patrimoine naturel et culturel. Il constitue un héritage précieux à transmettre aux générations futures. Trop souvent, la négligence, l’égoïsme ou la cupidité le détruisent. Chaque jour, c’est l’agression : béton, panneaux publicitaires et enseignes géantes, pylônes, déchets… Pour le présent et le futur, réagir est indispensable.
La pollution visuelle est l’ensemble des dégradations visuelles infligées aux paysages (naturels ou artificiels), de la bouteille en plastique gisant le long du canal au pylône de téléphonie mobile.
Si les dépôts sauvages ont vu leur nombre diminuer notablement avec la mise en place d’une réglementation stricte, beaucoup d’autres sources de pollution subsistent ou se développent.
Les grandes infrastructures (autoroutes, lignes ferroviaires, lignes à haute tension, …) portent une atteinte majeure au paysage, malgré les nouvelles contraintes d’insertion paysagère ; le coût permettant d’atténuer l’impact visuel est également un obstacle de taille (tunnels, passages souterrains, enfouissement).
L’affichage publicitaire est soumis à moins de contraintes que les infrastructures citées précédemment. Les ravages occasionnés sur les paysages sont considérables, certains lieux étant touchés prioritairement : entrées de ville, routes à grande circulation, lieux passagers en ville…
L’agression publicitaire, on le sait, est ravageuse. Sexisme, consommation à haut carbone, addictions aux jeux d’argent, combien de maux de notre pays sont encouragés jour après jour par les publicités ?
Nous avons besoin d’une charte des paysages intégrant un règlement publicitaire commun pour Est-Ensemble. Ne renonçons pas, nous connaissons nos atouts, mettons les en valeur.
Pour finir je citerai Philippe Val, dans son livre Allez-y vous n’en reviendrez pas (Cherche-Midi, 1994) qui s’attaque aux entrées de ville défigurées par l’affichage publicitaire. Les phrases qui suivent peuvent s’appliquer à toutes les formes de pollution visuelle qu’il nous faut combattre impérativement :
« La résistance s’organise. On dira que c’est une lutte futile. Non. La laideur anesthésie l’intelligence, étouffe insidieusement la joie de vivre, pourrit lentement nos facultés d’émerveillement, nous transforme en carpettes intellectuelles, en mous du bulbe, en grignoteurs de Tranxène. »