Intervention de Didier Delpeyrou lors du débat d’orientation budgétaire 2021 – Conseil territorial du 09/02/2021

Ce débat d’orientation budgétaire est inédit. La période actuelle est emplie d’incertitudes. Nous sommes suspendus à nos radios, TV et journaux chaque semaine et nous attendons impatiemment le retour à une vie normale. 

Ce débat d’orientation budgétaire est inédit. La période actuelle est emplie d’incertitudes. Nous sommes suspendus à nos radios, TV et journaux chaque semaine et nous attendons impatiemment le retour à une vie normale. 

La normalité dans le cadre d’un débat d’orientation budgétaire classique, ce serait de se dire : 

  • Qu’allons nous faire de l’argent des habitants d’Est Ensemble ces prochaines années? 
  • Quelles vont être nos priorités ? 
  • Investir davantage ou, au contraire, lever le pied ? 
  • Augmenter la masse salariale ? Si oui pourquoi faire, et si non, à quels coûts en termes de services et de réponses aux besoins du territoire. 

Plus que jamais, nous croyons que le budget de notre collectivité doit traduire un hiérarchie des priorités afin d’accompagner la transition sociale, solidaire et écologique du territoire. C’est dans cette hiérarchie que repose la réponse durable à la crise que nous traversons.

Une priorité est de faire vivre la culture à travers un réseau d’apprentissage, de découvertes et de cinémas indépendants dont nous pouvons nous enorgueillir par la qualité de la programmation qu’ils proposent. Un écosystème bien mis à mal par la politique gouvernementale actuelle. Artistes, artisans d’art, intermittents, auteur, autrices : ils vont avoir besoin de nous et nous d’eux pour nous évader, et fabriquer de nouveaux imaginaires collectifs… 

Le sport aussi est une priorité pour les habitants. Avec des équipements nautiques dont nous avons tellement besoin. Mais aussi , hélas, une part toujours trop importante de la population qui ne sait toujours pas nager. Rappelons-nous que la première cause de mortalité chez les moins de 25 ans est la noyade. C’est tout le sens de la politique de “savoir nager” que nous défendons.

Et puis le sport, c’est la santé. Une pratique sportive régulière – y compris le vélo électrique – permet de diminuer les risques de développer une pathologie chronique, comme le diabète, les maladies cardiovasculaires, de 20 à 30%, sans parler d’une meilleure défense du système immunitaire face au virus ou de l’impact du sport sur le mental et le sommeil.

Alors le vélo + le sport et c’est le combo gagnant ! 

Notre devoir, c’est également de penser ces politiques sportives de manière inclusive. Le sport adapté à tous types de handicaps doit progressivement devenir la norme dans les équipements et les clubs de nos villes. Nous comptons sur la création d’une maison du sport santé pour rattraper notre retard. 

L’urbanisme … oui, l’urbanisme, est pour nous une question phare C’est une question témoin, une question de transition qui revient à penser la façon dont nous voulons  habiter et vivre à Est Ensemble ces prochaines années ? À quel prix voulons-nous nous loger ? Quel cadre de vie souhaitons-nous pour nos familles ? Avec quel impact écologique ? quel impact sur notre santé et puis … 

De façon plus générale encore, notre budget doit refléter l’évolution des modes de vie que souhaitent les habitants. Métro, boulot, dodo ? On peut dire qu’une page est belle et bien tournée pour une partie de la population. Mais pour les “premiers de corvées”, les sacrifiés aux noms de l’économie de crise et de la chimère consumériste dans laquelle nous vivons depuis près d’un an, est-ce le cas ? 

Nos modes de vie ne peuvent pas se définir en fonction des desiderata ou des appétits de certaines catégories. il ne peuvent se construire qu’à partir de bases universelles et fondamentales répondant à des premiers niveaux de besoins.

Justement, nous avons enclenché cette révolution de la réponse aux besoins en agissant pour la collectivisation d’un bien universel : l’eau.

Nous vivons un acte fondateur de notre politique territoriale à travers la création d’une régie publique de l’eau. C’est notre Acte 1. 

Notre acte 2, sera la mise en place d’un plan exemplaire de réduction des déchets. Notre Plan climat, qui est assorti de la démarche “cit’ergie”, est déjà cité en exemple  par de nombreuses collectivités. Continuons, cette fois avec les déchets. Le zero déchet est possible. Mais seulement si nous nous en donnons les moyens et en faisons une priorité à toutes les strates de nos politiques publiques. Ce plan sera à la fois bon pour notre budget – menacé par la hausse à venir des prix facturés par le Syctom – et bon pour la planète ! Rappelons-le, les déchets représentent 50 % de notre budget. 

Notre budget est menacé. On peut craindre que d’ici 2 ou 3 ans, l lorsque l’Etat cherchera à rembourser les dettes créées par la pandémie, celui-ci lorgnera sur les collectivités..

Alors à nous d’anticiper, de voir l’avenir avec optimisme et conjuguons le sens et la prospective. 

Nous avons entendu plusieurs fois le terme “sobriété”, depuis des années les écologistes défendent le concept de « sobriété heureuse », de « simplicité volontaire », la sobriété vue comme une forme de sagesse, une forme de modération. Pour nous, la sobriété ne peut pas être synonyme de rigueur, de sévérité, de dureté, cette distinction nous paraît très importante.  

Et si, à la place de notre système comptable administratif classique, on passait enfin à un système de comptabilité environnementale qui détermine le poids carbone de chacune de nos politiques publiques. 

Notre budget doit être à la hauteur de l’urgence climatique et sociale ! 

Pour ce faire, continuons avec les basique. Certes. Mais innovons, créons, anticipons ! Définissons notre plancher social minimum.

Notre Plan alimentaire entraînera une réponse à la faim qui tenaille nombre d’entre nous. Une réponse aussi pour ceux, de plus en plus nombreux, qui préfèrent souvent sauter des repas pour garantir une alimentation correcte à leurs enfants. 

En matière de travail, nous avons le devoir de créer des Emplois non délocalisables, durables, bas carbone. Cela passe par le soutien à  l’économie sociale et solidaire et le soutien aux entreprises les plus en phase avec les valeurs que nous défendons. Cela passe, chaque fois que cela est possible, par l’imposition de contreparties sociales et environnementales exigeantes pour toute aide publique reçue.

Nous avons besoin de développer des filières denses en emploi, permettant d’enclencher la transition. Il s’agit d’assurer la resilience du territoire et de donner des perspectives à tous ceux et toutes celles qui sont privés d’emploi, notamment d’un premier emploi. On parle déjà d’une génération COVID. Pensons à elle ! C’est là aussi une priorité.

Mais il ne s’agit pas pour autant de penser à la place des habitants d’ Est Ensemble. Est ensemble, à l’infinitif c’est être ensemble, être ensemble pour faire de l’en commun. 

« Faire avec et non à la place de » nous oblige à accueillir des idées, des propositions, à susciter des espaces de dialogues politiques. On pense par exemple à la concertation en pieds d’immeubles, sur la place d’un marché, devant une bibliothèque ou une piscine. On pense aussi à un bus de la concertation, par exemple. 

C’est aussi le sens de notre conseil de développement tel qu’il est inscrit dans notre règlement intérieur. 

La Convention Citoyenne Climat défendue par le Président Patrice Bessac doit voir le jour. Elle doit être dotée de moyens ambitieux et permettre aux habitants de choisir des solutions concrètes. 

Démocratie, sport santé, accès à l’eau, alimentation, Emplois durables, culture, zéro déchet, logement, telles sont les bases du plancher social que nous avons à garantir pour amortir les conséquences de la crise sanitaire. 

Bref, chers collègues,notre groupe d’écologistes et de citoyens propose un chemin clair et ambitieux. 

Il nécessite une évaluation fine de nos dépenses à partir de critères positifs comme la sobriété, le courage et l’humanisme. 

Nos investissements à venir ne peuvent être qu’à cette image. Et notre fonctionnement son miroir.

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