Madame la Présidente,
Cher-e-s collègues,
Nous prenons la parole au nom des élus territoriaux écologistes et citoyens, issus notamment d’EELV, de Génération-s et de listes citoyennes comme Autrement et Bagnolet en commun.
Pour cette première séance du Conseil de territoire d’Est Ensemble, nous avons une pensée pour les électeurs qui ont eu l’envie et le courage de participer aux scrutins du 15 mars et du 28 juin. Ils nous donnent notre légitimité à siéger et agir à l’échelle du Territoire. Ils nous donnent aussi et surtout l’immense responsabilité de conduire une action politique à la hauteur de la situation, nous y reviendrons.
Nous avons aussi une pensée pour les élus qui ont œuvré à la création et au développement d’Est Ensemble, il y a 10 ans maintenant, autour d’un projet ambitieux en faveur du vivre ensemble. Notre groupe est attaché à la construction intercommunale et entend continuer de jouer un rôle positif et constructif dans la vie de cette collectivité, au service des 420 000 habitants.
Nous avons enfin une pensée pour Jean-Charles Nègre, 1e vice-président d’Est Ensemble, décédé le 27 mars dernier, et dont l’action politique a largement dépassé ce territoire, où il a cependant œuvré discrètement mais efficacement pour l’élaboration et l’adoption du PLUI en février.
Au nom des élus territoriaux écologistes et citoyens, nous souhaitons faire entendre la VOIX des habitants dans ces instances territoriales pour répondre à 4 défis importants pour ce nouveau mandat.
- le premier défi est celui consistant à rapprocher Est Ensemble de ses habitants.
Avec le niveau d’abstention aux municipales et la méconnaissance dont souffre l’EPT, il nous faut persévérer dans l’effort pour réduire la distance entre les instances, notre administration et ses habitant.
Nous voulons également faire qu’Est Ensemble pèse sur les orientations de la Métropole du Grand Paris, et désirons agir à tous les niveaux en faveur d’un Grand Paris plus démocratique, plus écologique, plus inclusif et plus solidaire.
Notre projet de société n’est pas celui d’un Grand Paris embarqué dans une course effrénée à la compétitivité, l’attractivité et la bétonisation du territoire. Nous avons besoin d’oxygène, d’air pur, d’espaces verts et de grands espaces pour nous aérer, respirer, vivre et créer ; l’expérience ressentie pendant le confinement, individuellement et collectivement, nous l’a rappelé.
- Le second défi est celui d’une gouvernance renouvelée, plus collective et plus participative.
Nous regrettons le manque d’assiduité donc cette Assemblée a souffert ces dernières années et voulons y remédier. Nous ferons des propositions en ce sens, afin de revoir la gouvernance de l’EPT et de l’adapter aux objectifs politiques que nous allons poursuivre. Il s’agira également de remettre du débat politique dans nos instances, en lien étroit avec les acteurs du territoire, les usagers et les agents. Nous en profitons pour saluer les agents territoriaux d’Est Ensemble, les remercier pour leur engagement professionnel et leur témoigner toute notre confiance en ce début de mandat. Nous savons la qualité de cette administration et comptons nous appuyer sur elle pour adapter et déployer les politiques publiques que nous déciderons ensemble de conduire. - Le troisième défi est celui de la cohésion sociale et territoriale.
L’ambition première des Maires fondateurs d’Est Ensemble était de développer un territoire populaire qui organise la solidarité avec les plus modestes, et qui accueille également les nouveaux résidents et actifs qui font le choix de l’est parisien. Mais faire simplement coexister ces populations n’est pas suffisant, nous tenons à ce que l’objectif d’Est Ensemble reste que cette diversité fasse « société » : qu’elle permette l’épanouissement de chacun, le respect de tous, et qu’elle enrichisse l’ensemble des habitants dans leur diversité.
A l’heure où notre territoire voit la gentrification de ses faubourgs, la hausse des inégalités sociales et territoriales, en parallèle de la préparation des JO 2024 avec divers grands projets d’aménagement, la question des conditions de vie dans les quartiers populaires ne peut pas être oubliée, comme ne doit pas être mis de côté le sort des populations les plus fragiles, et qui sont encore fragilisées par la crise que nos traversons. Si les compétences d’Est Ensemble ne permettent pas d’agir en première ligne sur les politiques sociales, elles doivent être mises au service d’un projet politique solidaire et inclusif, au bénéfice du plus grand nombre.
Il s’agit notamment de préserver et développer des activités économiques porteuses d’emploi pour les habitants du territoire.
- Enfin, le 4e et dernier défi est celui de la crise écologique, il nous oblige à poursuivre et amplifier nos efforts de planification et de mise en œuvre de la transition écologique et solidaire.
Avec la multiplication des manifestations du dérèglement climatique qui bouleverse notre planète, avec la conscience de plus en plus aiguë des pollutions engendrées par les activités humaines sur les écosystèmes,avec l’épuisement progressif des ressources naturelles indispensables à notre mode de vie et de production actuel, nous n’avons d’autre choix que de celui d’agir avant qu’il ne soit trop tard.
L’Etat n’agit pas à la hauteur des urgences, comme le prouve le dernier remaniement et changement de Gouvernement, ou le recours en justice de L’Affaire du siècle, l’année dernières, pour que la France respecte ses engagements climatiques et protège les droits du vivant. Il ne suffit plus de déclarer l’Etat d’urgence climatique dans nos villes, mais il faut agir, pour changer d’échelle et accélérer la transition.
Nous devons d’autant plus agir car ce ne sont pas les citoyens seuls qui vont pouvoir changer les choses. Nous avons la conviction que le rôle des services publics et de la puissance publique est incontournable pour conduire ce changement.
Ce ne sont pas non plus nos villes seules, aussi volontaires qu’elles soient, qui vont réussir, compte tenu des marges budgétaire réduites et des compétences désormais exercées par l’EPT en matière d’aménagement, d’environnement, de déchets, de développement économique, d’eau et d’assainissement, seules des actions conjuguées des citoyens et de
notre institution nous permettront de résister à la crise que nous traversons.
Est Ensemble doit donc jouer tout son rôle dans les stratégies d’aménagement durables du territoire, de résilience, de développement des emplois verts, des éco-filières
Notre ambition qui ressort des 4 grands défis que nous venons de rappeler, nous l’avons partagée durant les municipales, dans nos villes pendant plusieurs mois, et cette semaine auprès des deux candidats à la Présidence du territoire, à qui nous avons présenté nos priorités politiques et orientations programmatiques. Nous sommes heureux de savoir qu’elles sont partagées et qu’elles semblent faire consensus, et vous pouvez compter sur nous pour travailler à leur mise en œuvre, dans l’intérêt des habitants d’aujourd’hui et de demain.
Nous voulons agir dans ce sens, au sein du nouvel exécutif, comme nos amis de Lyon, Bordeaux, Strasbourg, Poitiers ou Grenoble. Car s’il y a bien une leçon à tirer des dernières municipales, à l’exception du niveau historiquement bas de participation, c’est celui d’une vague verte.
Cette vague verte est notamment l’expression d’un désir d’écologie, d’une attention plus forte de nos concitoyens aux problèmes écologiques, pour des politiques publiques solidaires et écologiques préparant un mieux vivre ensemble.
La voix des citoyens qui veulent et réclament un avenir désirable et soutenable doit trouver un écho dans l’action de leurs représentants. C’est ce à quoi nous nous engageons ici et maintenant. C’est le sens du rassemblement de la gauche et des écologistes que nous souhaitons pour le nouvel exécutif d’Est Ensemble, mené par un Président à même d’organiser une action politique collective et sur la durée à la hauteur des 4 grands défis que nous devons relever.
C’est dans ce sens que nous allons voter pour élire ou nouveau Président.
Nous regrettons de voir deux candidatures issues de la gauche s’opposer, faute d’un accord politique entre les deux partis en tête.
Nous regrettons le fait qu’il n’y ait pas de campagne des candidats sur un projet de territoire, qui permettrait aussi de trouver un écho auprès des citoyens et d’incarner cette intercommunalité. C’est une exigence démocratique.
Nous regrettons que cette division fasse de la droite le possible arbitre entre deux candidats de gauche, sur un territoire populaire où il y a tant de choses à faire. Notre vote sera libre, sachant que le contexte politique nous oblige, une fois ce vote passé, à nous retrouver pour mettre en œuvre un projet politique partagé.