Ainsi que l’a souhaité le Président de la République, la prochaine conférence des Parties de la Convention cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, la COP 21, se déroulera en France du 30 novembre au 11 décembre 2015, plus précisément au au Bourget. 195 délégations nationales feront le déplacement pour aboutir à un accord engageant les États pour les prochaines années dans la lutte pour le climat, avec un objectif impératif : maintenir le réchauffement mondial en deçà de 2°. Pour notre territoire, c’est une occasion unique pour enrayer la spirale de pauvreté dans laquelle sont plongées de plus en plus de familles.
Les concentrations de CO2 dans l’atmosphère atteignent des niveaux jamais enregistrés sur Terre depuis 800 000 ans. La dernière décennie est la plus chaude jamais observée, et 2014 s’annonce comme l’année la plus chaude au niveau mondial.
Pour mesurer la gravité de la situation dans laquelle nous sommes, les scientifiques ont établi que nous ne devons pas dépasser un budget carbone cumulatif de 800 Gigatonnes pour disposer d’une bonne chance de limiter le réchauffement à 2°C en 2100 par rapport à l’ère préindustrielle (avant 1880). Or, nous avons déjà consommé 531 Gigatonnes sur ce “budget carbone”, et, au rythme actuel des émissions mondiales, celui-ci sera entièrement consommé d’ici 30 ans !!!
En 2014, nous venons de vivre la COP 20, à Lima, où les nations ont entrepris de discuter pour esquisser l’accord qui devra être ratifié au Bourget en 2015. Mais il reste très en deçà des nécessités, achoppant principalement sur la question fondamentale de la solidarité nord-sud, les nations riches rechignant à mettre suffisamment « au pot » pour aider les nations pauvres dans la mise en place de politiques publiques de lutte contre le réchauffement climatique. (Même si nous devons noter un signe d’encouragement majeur, l’un accord bilatéral Chine / USA).
Devant cette extrême réticence des États à s’accorder, le sénateur EELV Ronan Dantec, porte-parole de l’organisation Cités et Gouvernements Locaux Unis (CGLU), a énoncé ses convictions (partagées du reste par Anne Hidalgo, maire PS de Paris et Alain Juppé, maire UMP de Bordeaux, tous deux co-présidents de CGLU) : ce seront les collectivités territoriales et leurs engagements au plus près des citoyens qui permettront à la COP 21 d’atteindre les objectifs indispensables pour répondre au défi climatique que nous affrontons. Nous devrons, dans les mois qui viennent, mettre en œuvre les actions concrètes significatives permettant d’apporter notre pierre, à l’échelle de notre territoire, pour prendre place au sein de cette mobilisation planétaire.
Nous savons toutes et tous ce que signifient sur notre territoire le dérèglement climatique, pour en avoir déjà vécu des prémisses : des épisodes pluvieux de plus en plus violents, avec des rues qui se trouvent très rapidement inondées, des canicules, des épisodes neigeux tardifs, des tempêtes… sans négliger des désordres constatés parmi les plantes, les insectes et les oiseaux de nos parcs et jardins.
Parallèlement à cela, nous l’avons déjà évoqué, nous voyons tout autour de nous que le nombre de familles en situation de précarité énergétique est en augmentation constante. Des milliers de nos concitoyens vivent dans des « passoires énergétiques » et dépensent des sommes littéralement insupportables pour chauffer… les rues qui les entourent. Il est donc temps d’agir, de façon concertée, résolue et déterminée.
Pour Est Ensemble, cette année de mobilisation pour le climat coïncide avec le travail mené depuis trois ans pour élaborer notre Plan Climat Air Énergie Territorial. Nous sommes désormais au début de la phase de concertation, qui débouchera cet automne sur l’élaboration de notre plan d’actions. En 2015, nous mettrons donc les bouchées doubles avec deux types d’actions : la mise en valeur des initiatives pré-existantes et le lancement de « la Fabrique de la rénovation énergétique ».
Familles à « énergie positive », entreprises prêtes pour la rénovation
La mobilisation pour le climat est l’affaire de tous. Est Ensemble souhaite donc animer ce grand mouvement en permettant à chacun d’agir, en fonction de ses possibilités. C’est ainsi que depuis deux ans, nous organisons avec l’agence locale de l’Énergie, MVE (Maîtrisez votre énergie), un Défi « Familles à énergie positive » avec plusieurs dizaines de familles habitant les neuf villes de notre agglomération. Durant les cinq mois de la saison de chauffe, elles sont suivies par des spécialistes pour diminuer leurs consommations énergétiques. La saison 1 de ce Défi a permis d’atteindre le très bon objectif de 20 % d’économies d’énergie en moyenne.
En 2015, nous souhaitons désormais encourager le monde de l’entreprise à s’atteler à l’immense chantier de la rénovation énergétique des bâtiments. Avec deux ambitions : aider nos entreprises (TPE et PME du bâtiment) à remplir leurs carnets de commande, encourager nos jeunes à se qualifier dans des métiers porteurs d’avenir. Aux côtés des chambres consulaires, des entreprises déjà engagées dans le processus de certification RGE, des acteurs de l’innovation énergétique et économique, nous mènerons des actions pour inciter toutes les structures qui hésitent encore à participer à cet immense chantier. Nous voulons en effet montrer que nous pouvons faire des difficultés qui sont les nôtres, les extraordinaires leviers pour redonner confiance en l’avenir à nos jeunes, à nos entreprises et en définitive à tous nos concitoyens.
Un premier temps de rencontres permettra au printemps de faire le tour des besoins de l’ensemble des typologies d’acteurs sur notre territoire ; un second temps nous verra nous engager aux côtés des entreprises et des partenaires de la formation professionnelle.
2015 sera très certainement éreintante ET passionnante. Indispensable ET historique. Elle sera pour nous tous une opportunité unique pour montrer, au moment où nous nous apprêtons à entrer dans la Métropole du Grand Paris, que notre territoire, l’un des plus pauvres de l’Ile-de-France, est parallèlement l’un des plus riches en innovations et initiatives citoyennes.